AEC
SIG et BIM en action : la méthode intelligente de BESIX
29 avril, 2025 | Thomas Bettens
Quand on pense à “BESIX”, on pense peut-être à des réalisations emblématiques comme le Burj Khalifa. Mais aujourd’hui, BESIX ne se contente plus de construire des structures — l’entreprise transforme aussi la manière dont les données de construction sont comprises et partagées, tant dans les projets d’infrastructure que dans les projets maritimes. Le point de convergence ? L’intégration des SIG (Systèmes d’Information Géographique) et du BIM (Modélisation des Informations du Bâtiment), dirigée par Kurt Desimpelaere, GIS Manager chez BESIX Engineering.
“Il n’y a pas de vraie différence entre le SIG et le BIM,” explique Kurt. “C’est la même information, simplement vue à travers des lunettes différentes.”
Pourquoi les SIG sont essentiels dans la construction
Quand Kurt a rejoint BESIX en tant qu’Information Manager, il a posé la question suivante : “Où est notre environnement SIG pour compléter le BIM ?”
Pour lui, la conscience spatiale n’est pas une option, c’est une nécessité. Dans les projets d’infrastructure à grande échelle, comprendre l’ensemble du contexte est littéralement crucial. “Sans analyse spatiale, comment comprendre ce qui se passe réellement sur un chantier ?” interroge-t-il.
Traditionnellement, l’usage des SIG chez BESIX était fragmenté et souvent externalisé. Aujourd’hui, l’entreprise a internalisé cette capacité à travers tous ses projets et pays, en s’appuyant sur des serveurs ArcGIS et FME, des scans par drones et LiDAR, et des plateformes de cartographie en ligne. L’objectif ? Rendre les données complexes accessibles, visuelles et interactives. Transformer des plans statiques en intelligence exploitable, et apporter des insights concrets aux projets.
"Le SIG n’est pas un simple Google Maps sophistiqué. C’est un atout stratégique qui nous donne du contexte : passé, présent et futur."
BIM et SIG : complémentaires, pas concurrents
Chez BESIX, BIM et SIG ne sont pas en compétition — ils se complètent. Le BIM se concentre sur le design détaillé et la construction d’un ouvrage, tandis que le SIG ajoute une couche géographique et contextuelle. Par exemple, dans le projet R4WO à Gand, le SIG est utilisé pour analyser l’environnement spatial, tandis que le BIM prend en charge les éléments de conception comme la détection de conflits et la planification des phases.
Qu’il s’agisse de suivre les arbres protégés, de gérer les données sur les réseaux ou de planifier des déviations, BESIX s’assure que les données sont réutilisées sur les deux plateformes. L’objectif n’est pas de dupliquer, mais de créer des systèmes plus intelligents.
Un exemple marquant est ROCO, une collaboration basée sur les SIG dans le cadre du projet Oosterweel à Anvers. Cela permet à BESIX et à ses partenaires de livrer non seulement des plans numériques, mais aussi des écosystèmes de données vivants et partagés. Cette approche renforce la transparence et la collaboration avec les clients et les parties prenantes.
La valeur de cette méthode a été mise en lumière lors d’IMGIS 2025 à Francfort, où plusieurs sessions liées à Oosterweel ont illustré des cas concrets d’intégration SIG-BIM.
Applications concrètes
L’intégration SIG-BIM de BESIX s’illustre également dans l’utilisation de technologies comme les drones et le LiDAR. Lors de travaux routiers ou d’amélioration d’infrastructures, des images drones sont capturées et classées dans le SIG, tandis que le BIM garantit que les modèles respectent les tolérances de construction. De même, les tranchées d’essai sont documentées spatialement dans le SIG pour valider les modèles BIM et réduire les risques à l’exécution.
Et ce n’est pas tout. Les SIG aident aussi à analyser la présence de substances dangereuses comme les PFOS/PFAS, à cartographier les plantes invasives et à surveiller les niveaux de la nappe phréatique. Ces informations sont intégrées dans les workflows de construction pour faciliter des décisions plus intelligentes et plus sûres.
Du macro au micro, et inversement
Ce qui distingue BESIX, c’est sa capacité à relier l’échelle macro du SIG à l’échelle micro du BIM. Le BIM gère les détails des actifs : tuyaux, boulons, béton. Le SIG gère les zones, la logistique, les infrastructures tierces et les données environnementales. Ensemble, ils offrent une vue à 360° sur chaque projet.
Cette dualité se retrouve aussi dans la planification 4D. Le BIM simule la séquence de construction d’un pont, tandis que le SIG ajoute une dimension spatio-temporelle, en tenant compte des perturbations, dépendances et réglementations locales. Cela s’avère essentiel dans des environnements complexes, comme en ville ou près des voies ferrées.
Briser les silos
L’un des objectifs fondamentaux de BESIX est de briser les silos de données. Trop souvent, l’information reste confinée dans des systèmes isolés. BESIX travaille à centraliser toutes les données de projet dans un environnement unique.
"Toutes les données sont spatiales. Et une connaissance partagée est une connaissance multipliée."
Grâce à des outils comme ArcGIS Enterprise et Autodesk Construction Cloud (ACC), l’équipe facilite la collaboration non seulement en interne, mais aussi avec les partenaires externes. Les couches SIG peuvent être partagées via des portails web, de manière ciblée — pour montrer uniquement ce qui est pertinent pour chaque acteur : risques d’excavation, limites de planification, réseaux existants, etc.
Une culture de collaboration
Kurt tient à souligner le rôle clé joué par Esri BeLux dans ce succès : “Ils sont accessibles, agiles et impliqués,” dit-il. “Quand un défi se présente, ils réfléchissent avec nous. Ensemble, on trouve toujours la meilleure solution.”
Et pour l’avenir ? BESIX continue à agrandir son équipe SIG et cherche des profils à la fois techniques et stratégiques. “Nous avons besoin de personnes qui ne voient pas le SIG comme de simples cartes,” insiste Kurt, “mais comme une composante essentielle du processus de construction.”
Mingyue Jiang, professionnelle SIG (à gauche), et Kurt Desimpelaere, responsable BIM/SIG chez BESIX.
Conclusion : construire avec des données, construire avec sens
L’intégration SIG-BIM chez BESIX est plus qu’une innovation technique. C’est un changement de culture. En réunissant la précision du design et l’intelligence spatiale, BESIX rend la construction plus transparente, collaborative et résiliente.
Comme le dit Kurt :
“Le SIG nous aide à comprendre ce qui compte, quand ça compte, et pour qui ça compte. C’est là que réside la vraie valeur.”